on est obligé de de le poster en 2 fois
Chapitre premier
La forteresse de Laqta
La guerre se prolongea, et les années passèrent. L’organisation des Kormatiens changea quelque peu.
Tous les sorciers formaient la noblesse, et dirigeaient les armées. Néanmoins, des unités d’autres castes pouvaient mener une partie d’un bataillon. Ils étaient rares. Mais une caste se leva, pour atténuer la soif de souffrance des sorciers: les chevaliers. Ceux-ci étaient des Kormats, qui de par leurs actions, pouvaient avoir l'honneur d'apprendre différentes sortes de magie. On leur apprenait comment la pratiquer, mais pas la comprendre. Bien sûr, il était monnaie courante que certains guerriers apprennent d'eux-mêmes ces légers pouvoirs. Ces chevaliers essayaient de réduire la soif de souffrance des sorciers, mais ils n’avaient que très peu d’autorité sur eux et leurs acolytes.
Pourtant, des fois, les chevaliers arrivaient à faire pencher la balance, surtout en ce qui concernait les très rares prisonniers. Ils avaient le droit d'être pendus haut et court, et non pas de souffrir en laissant son âme à un sorcier.
Ces quelques petites modifications ne générèrent pas l’avance de l’alliance humano-orcs. Mais les elfes se battaient extrêmement bien, et chaque parcelle de terrain était chèrement gagnée.
Cependant du sang neuf allait bientôt arriver dans l’armée Kormat, et ce serait profitable. Comme chaque année, les nouvelles recrues allaient sortir de l’école pour aller au combat. Et justement, cette nouvelle génération allait être très importante, surtout, une poignée de ces hommes.
Dans sa grande chambre, Nalta était assis sur son trône. La pièce était immense, sur les cotés, deux grandes fenêtre laissaient apparaître Kormatia, la capitale Kormat, qui était autrefois le bastion des magiciens. La pièce n'était pas décorée; seul un mur de briques noires et des dalles de couleur gris clair formaient cette chambre. Tout au bout de la pièce, un trône taillé dans de la pierre avait été posé. Nalta avait les cheveux noirs, d’un noir aussi profond que l’enfer. Et ses yeux pouvaient glacer le sang à quiconque croisait son regard. Son visage n’avait aucune ride, bien qu’il arrivait à ses 80 ans. Il avait l'air d’un athlète et il était habillé d’une magnifique robe rouge sang. Si bien qu'on aurait pu croire qu’elle avait été trempée dans du sang d’elfes.
C'est alors que son second, Sernak, arriva dans la pièce. Il s’agenouilla devant lui. Sernak avait le teint pâle, et semblait beaucoup plus vieux que Nalta, alors qu'il était 20 ans plus jeune. Sa tête était dégarnie par endroit, cependant, on voyait encore de rares éclats de cheveux bruns, sous cette masse de gris. Il avait des petits yeux verts qui ne cessaient de regarder partout.
-Maître, j’ai une mauvaise nouvelle, commença t-il.
-Oui, cela doit être important pour me déranger, gronda Nalta.
-Oui. Nous avons perdu la forteresse de Laqta.
-QUOI? Comment est-ce possible?
-Une attaque surprise.
-Les magiciens sont là pour remédier à ça!
-Oui, mais celui-ci est mort avant d’envoyer le message.
Nalta se leva, marcha calmement jusqu’à la fenêtre et poussa quelques jurons bien sentis.
-Saletés de mages. La mort est une délivrance pour eux.
-Mais maître, j’ai eu une idée pour la récupérer.
-Oui? Je t’écoute.
-Vous souvenez-vous de mon fils, Tolgas?
-Oui, évidemment, il est très prometteur. L’as-tu bien formé?
-Bien sûr. Il deviendra un des plus puissants sorciers.
-C’est bien. Nos rangs grandissent chaque jour. Et qu’a t-il à voir avec la reprise de Laqta?
-Il finit l’école d’officiers dans quelques jours. Et malheureusement, aucun des nôtres ne pourra être sur place lors de l’assaut.
-Ce sera regrettable. Tu demandes donc que ton fils puisse montrer ses qualités?
-C’est bien cela. Grâce à lui, nous sommes sûrs que les sorciers auront toujours un pouvoir incontesté sur les champs de bataille.
-J’ai aussi remarqué que notre autorité chutait sur les champs de bataille. Du fait que nous ne sommes pas assez présents, c’est une certitude. Cependant, Zima est très compétent, j’ai confiance en lui.
-Comment savez vous que c’est lui qui va diriger l’assaut?
-Aucune importance...
-Alors, ai-je votre permission?
Nalta fit un petit signe de la main. L’air se modifia, et une fenêtre apparue, montrant une classe. Des personnes étaient assises, et écoutaient leur instructeur. Sauf deux ou trois personnes qui dormaient.
-Je vois qu’il est très concentré sur son travail, dit Nalta d’un ton léger.
-Ce sont ses derniers jours ici.
-Qui est l’homme aux cheveux gris à côté?
-C’est Kristophe, le rival de mon fils. Je les ai mis dans la même classe et côte à côte pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.
-Bonne initiative en effet; mais ce serait peut être le moment qu’ils suivent les cours non?
-Tolgas,… Tolgas,… Réveillez-vous!
Tolgas émergea tranquillement, et commença à regarder ce qui l’entourait. Il s’était encore endormi en classe. Evidemment, le professeur ne faisait que répéter des techniques qu’il connaissait déjà ou de dire quelles étaient les failles de leurs ennemis; toutes les techniques pour tuer un elfe, il connaissait déjà.
Tolgas se releva, et sans s’excuser, fit semblant d’écouter l’instructeur. Qui recommença à expliquer les techniques d’attaques des elfes. Tout ceci n’était qu’acquis. Il ne pouvait plus tenir, il avait vingt cinq ans maintenant, et demain il finirait son école d’officiers, quelle délivrance! Tolgas avait de longs cheveux bruns, attachés la plupart du temps, et un bouc. Du fait qu’il avait tenu à suivre tous les entraînements comme les autres, il était très musclé. Comparé aux autres sorciers, qui eux n’étaient que des cure-dents.
Et oui, il était sorcier. Cette chance lui aurait permis de devenir un des chefs de Kormat. Mais il avait tenu à se battre avec tous les soldats; bien sûr, il commanderait sûrement un bataillon dans quelques années. Il avait eu de la chance de contrôler parfaitement le pouvoir des ténèbres, comme l'appelaient les non initiés, et encore plus d’être le fils de Sernak. Il avait même rencontré Nalta en personne! Et il avait eu comme professeur son père lui-même. Vraiment, il avait eu de la chance. Les gens redoutaient les sorciers à cause de ces histoires de mal et de bien, mais les gens ne comprenaient rien, la fin justifie les moyens.
Grâce ses études, Tolgas était un des meilleurs de l’école, si ce n’est le meilleur. Malheureusement, il avait un sérieux rival tout aussi bon que lui: Kristophe.
Il était un stratège hors pair. Mais il avait une toute autre approche de la bataille. Étant une grosse brute de guerrier, il avait dû en suer pour pouvoir arriver à ce niveau.
Ses cheveux et sa barbe étaient des plus spéciaux: ils étaient gris et cela depuis sa naissance. Il était grand et ces muscles ressortaient. Il ne lâchait jamais son épée bâtarde, qui était toujours derrière son dos. Heureusement, c’était aujourd’hui le dernier jour. Et Tolgas avait reçu le résultat de l’examen: premier. Il avait battu Kristophe. De justesse, certes, mais il l’avait battu. Maintenant, il allait enfin pouvoir aller sur le terrain, il ne verrait plus cette classe, ni son rival. Quel soulagement!
Kristophe se faisait relativement respecter de par sa largueur d'épaules, mais pourtant, il ne s'en servait pas; il n'avait qu'une seule fois sortit son épée. L’heure de partir arriva et Tolgas sortit de la classe; en même temps, il donna un coup de pied dans la chaise de Kristophe, pour qu’il se réveille. Et enfin, il franchit le seuil de la porte, jamais plus il ne reviendrait...
-Oui, fit une voix.
Tolgas se retourna, et vit un groupe de prêtres derrière lui. « Pas grave » pensa-t-il.
Kristophe se réveilla au première lueur de l'aube; il n’avait pas l’habitude des lits confortables, certes il n’était pas contre. Mais maintenant qu’il était officier, il devrait s’y faire. Aujourd’hui, il allait recevoir son affectation. Enfin un peu de mouvement. Pendant ces quelques mois, il avait cru qu’il allait perdre toute la maîtrise de son arme ou allait prendre du poids. Rien de tout ceci n’était arrivé, mais le temps était passé extrêmement lentement. Maintenant, il allait enfin quitter la Forêt de Rataric, et commencer à chasser de l’elfes.
Il s’habilla, et prit son petit déjeuner. Tant qu’il y avait de la nourriture, autant en profiter. L’heure de son rendez-vous avec le général Martar approchait. Il se mit donc en route pour le QG. La ville était une ancienne cité elfique: on reconnaissait vite l’architecture très particulière. Des fontaines et des pots de fleurs par centaines, jonchaient l’artère principale, mais cela faisait longtemps qu’ils n’avaient plus été utilisés. Les Kormatiens n’avaient pas le temps pour ces futilités.
Pendant le trajet, il rencontra Tolgas, et celui-ci engagea la conversation.
-Alors, comment va le perdant?
-Le perdant? Ce n’est pas le point de vue de l’instructeur qui me fera penser le contraire, ma tactique était la meilleure!
-Oui oui, c’est sûr que pour prendre la ville, tu aurais mis deux mois, alors qu’avec la mienne, une semaine suffisait.
-D’accord, je te l’accorde, mais tu aurais eu beaucoup de perte, alors qu’avec la mienne, très peu.
-En théorie, s’ils se battent bien, ma technique a un meilleur rendement que la tienne!
-En théorie, en théorie,… ça se voit que tu ne connais pas la pratique!
-Comment ça, je….
Ils continuèrent à se chamailler comme des gosses jusqu'à la porte du Général.
-Bon tu m’excuseras, mais j’ai rendez-vous, commença Tolgas.
-Tu devras attendre, moi aussi j’ai rendez-vous.
-Mais je ne…
À ce moment, la porte s’ouvrit, laissant apparaître un magicien, vêtu d'une robe bleue, l’air abattu.
-Hors de ma vue, infâme créature! lança Tolgas, juste avant de cracher à ses pieds.
Kristophe lui fit un croc en jambe que le magicien évita sans problème.
Il s’en alla, sans même donner l’impression d’avoir vu le guerrier, et le sorcier.
Puis un homme apparut derrière eux.
-Et bien, je vois que vous n’aimez pas les magiciens, dit celui-ci.
-Bonjour mon Général. C’est vrai que je ne les porte pas dans mon cœur, répondit Kristophe.
Remarquant le Général, Tolgas se redressa quelque peu.
-Bonjour Général. Moi je pense qu’il est stupide de garder en vie des êtres qui nous ont gardés en esclavage pendant tant d’années. L’histoire ne nous a pas montré qu’un petit groupe pouvait changer beaucoup de choses? De plus, ils ne font que se promener partout, ils ne nous servent à rien, conclusion,…
-Ils ne nous servent à rien? coupa Martar. À ton avis, comment se fait-il que nous ayons si facilement pris les Forêt de Rataric, et que nous ayons pu réunir les deux armées en prenant village sur village? Presque sans aucune perte?
-L’effet de surprise?
-Oui, mais pas comme tu penses. Pour les premières attaques, cela fonctionnerait. Mais au bout de deux jours, penses- tu qu’ils étaient encore surpris?
-Non.
-Bien, alors je vais t’expliquer comment cela s’est passé:
Dans chaque village important, on a placé des magiciens, en faction. L’étoile qu’a crée Nalta, « l’étoile de sang », lorsqu’elle s’est allumée, les magiciens sont sortis de leurs cachettes, et ont commencé à faire pleuvoir leurs boules de feu pour enflammer les maisons. Par conséquent, les gardes ont quitté leurs postes pour aller éteindre les incendies, et comme tout le monde essayait d’éteindre le feu, les mages ont ouvert les portes des villes. Alors, notre armée a pu plus facilement entrer dans le village, et,… je pense que tu vois ce qui c’est passé après.
-Magnifique plan, dit Kristophe.
-Ingénieux, reprit Tolgas, mais si les magiciens n’avaient pas fait leur travail…
-Ne vous inquiétez pas, ils n’étaient pas seuls.
Martar fit un clin d’œil à Tolgas.
-Je comprends, fit celui-ci.
-Bon, nous ne sommes pas là pour parler du passé, mais de l’avenir. Suivez-moi, tous les deux.
Ils entrèrent dans la pièce. Elle était remplie de cartes diverses, et une étrange créature montait la garde. Elle ressemblait à un mort vivant, à cause de sa couleur brun gris, mais elle était en position de combat: de longues griffes sortaient de ses mains, et de ses pieds; elle avait également de grandes dents pointues. Ce qui étonna Kristophe.
-Vous êtes sorcier? demanda t- il.
-Oui, bien sûr, lui répondit-il comme si c‘était normal. Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'une de mes créature. Bien asseyez-vous.
Ils s’exécutèrent, mais Kristophe ne semblait pas à l'aise.
-Bien, continua Martar. Vous deux vous me posez un sérieux problème car je ne sais pas lequel de vous deux choisir; mais pour une fois, je n’ai pas à réfléchir, mais juste à suivre les ordres.
Tolgas et Kristophe, vous êtes maintenant promus tous les deux à la tête d’un bataillon. Vu que vous êtes deux, le bataillon sera légèrement plus grand que la normale. Maintenant, vous allez être placés vous et vos hommes aux ordres du commandant Zima, en première ligne. Vous avez la mission de récupérer la forteresse de Laqta. Une question?
-Oui deux, dit Kristophe. La première: y a t-il un supérieur entre nous deux? Ensuite, quand partons nous?
-C’est Tolgas, et vous partez dès que possible. Bien, je vous laisse.
-Attendez! reprit Kristophe. Pourquoi Tolgas, qui n’a aucune pratique, serait supérieur à ceux qui en ont?
-C’est comme ça, et pas autrement. Ces ordres viennent de Nalta lui-même. Voulez-vous aller discuter avec lui?
-Non, sans façon.
-As-tu déjà vu se battre un sorcier? demanda Martar.
-Non, jamais.
-C’est ce que je pensais. Tu le verras bien assez tôt. Maintenant, rompez!
-A vos ordres mon Général, clamèrent-ils à l’unisson.